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Mortalité d’abeilles BASF veut montrer au juge « l’innocuité du Voxan »

BASF a récemment appris que l’un de ses fongicides avait été accusé d’être la cause exclusive de la mortalité d’abeilles. Elle indique n’avoir jamais été sollicitée pour apporter des éléments scientifiques et n’avoir donc pu faire valoir ses arguments.

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« Dans un jugement du 3 juin 2020, le tribunal judiciaire de Foix a statué que “ la cause exclusive de la mortalité des abeilles [de l’apiculteur Nicolas Puech] est une intoxication aiguë suite à la pulvérisation de Voxan” », annonce BASF dans un communiqué du 10 juillet 2020.

 

La firme a donc décidé d’assigner l’ensemble des parties de cette affaire au travers d’un recours en tierce opposition dans le but d’avoir enfin accès aux pièces du dossier et d’apporter les éléments scientifiques prouvant l’innocuité pour les abeilles du produit incriminé, un fongicide qu’elle commercialise.

Jamais sollicitée dans cette affaire

Ainsi, c’est par voie de presse que BASF a appris récemment la décision du tribunal de Foix. Elle indique ne jamais avoir été sollicitée pour apporter des éléments scientifiques sur Voxan, accusé dans cette affaire. « Cet état de fait est dommageable pour nous, mais également pour l’ensemble des filières agricoles et apicoles, qui sont dans l’incapacité de comprendre ce qui s’est passé en Ariège », déclare-t-elle.

 

Pourtant, informé par la presse de cet incident en mai 2018, les équipes techniques de BASF, et notamment son experte « abeilles », avaient alors rassemblé les informations fragmentaires disponibles pour essayer de comprendre au mieux les circonstances de la mortalité des abeilles et déterminer si le Voxan pouvait avoir une quelconque responsabilité.

 

« Il s’agit d’un processus classique que BASF applique dès qu’un incident survient pouvant impliquer un de ses produits, ajoute le communiqué. Il est, en effet, primordial de comprendre ce qui s’est passé : les facteurs de responsabilité, souvent complexes et multiples, doivent être analysés scientifiquement. C’est le principe de phytopharmacovigilance dans lequel les industriels sont pleinement impliqués. »

 

Dans les semaines qui ont suivi, BASF a sollicité par écrit les autorités sanitaires compétentes (DGAL, Direction générale de l’Alimentation), et a notifié au service de phytopharmacovigilance de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) cet incident avec les éléments dont elle disposait. « À cette époque, les autorités sanitaires n’avaient pas jugé opportun de lancer de plus amples investigations, malgré l’attention particulière qu’elles prêtent aux problématiques abeilles », déclare BASF. Quoi qu’il en soit, l’entreprise n’a jamais été sollicité pour apporter sa contribution à l’expertise menée à l’époque.

Des zones d’ombre

Par ailleurs les experts de la firme phytosanitaire ont relevé « d’importantes zones d’ombre » lorsqu’ils ont eu connaissance du jugement. Ainsi selon BASF, il n’a été procédé à aucune analyse de résidus phytosanitaires, ni à aucune analyse sanitaire des abeilles (recherche de maladies ou de parasites). L’examen clinique vétérinaire du rucher a été tardif (deux semaines après l’incident). De plus, selon le rapport d’expert vétérinaire, « les abeilles ne sont pas mortes dans les ruches [et] il n’y avait pas non plus de reste d’abeilles devant les ruches, ni à proximité ». Il existe donc pour BASF une ambiguïté entre « disparition » et « mortalité » d’abeilles.

 

BASF complète que d’après ses informations, le Voxan a été appliqué de nuit, en dehors d’une période de butinage, dans de bonnes conditions (absence de vent) sur une parcelle de blé, par définition non attractive pour les abeilles.

 

La société ajoute que dans le cadre de l’homologation du produit en Europe, des études « tunnels » ont été conduites par BASF pour évaluer le risque d’exposition des abeilles au Voxan. Des études démontrant que ce fongicide, « utilisé dans les conditions d’emploi autorisées, ne peut être considéré comme responsable des mortalités d’abeilles du rucher de cet apiculteur. »

Innocuité réaffirmée par l’Anses

BASF estime que les caractéristiques du Voxan sont d’ailleurs « plus favorables que celles des principaux produits acaricides placés au cœur des ruches pour traiter le principal fléau des abeilles l’acarien parasite Varroa destructor. »

 

La firme ajoute que le fongicide, autorisé depuis 2012, associe plusieurs substances phytopharmaceutiques et « n’a jamais été identifié comme responsable de problèmes de mortalités d’abeilles ». Elle appuie : « aucun lien scientifique de cause à effet n’ayant été démontré à ce jour, cet incident ne peut remettre en cause le Voxan ou son innocuité pour les abeilles dans les conditions d’emploi autorisées ».

 

BASF tient à rappeler que si les utilisations de Voxan ne seront plus possibles après la date du 30 juillet 2020, cette décision est liée au retrait de l’époxiconazole et non à une substance SDHI composant ce produit dont « l’innocuité pour les abeilles a été réaffirmée à de nombreuses reprises par l’Anses, l’autorité compétente en la matière».

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